Dans le contexte de la loi Agec, Metro teste un système de consigne connectée mis en place par la start-up Pyxo. Explications de Raphaël Marie, acheteur catégorie manager services chez Metro. Par Pascale Benhaïem-Komlos
Pourquoi vous engagez-vous aux côtés
de Pyxo ?
Raphaël Marie : En 2021, nous avons signé la charte d’engagement de réduction des emballages et développement du réemploi dans le secteur de la restauration livrée. De plus, dans le contexte de la loi Agec effective depuis le 1er janvier 2023, les restaurants comprenant au moins 20 places assises doivent recourir à de la vaisselle réutilisable. Pour les chaînes, il est plus simple de mettre en place des solutions packagées que pour les restaurateurs indépendants : chez Metro, c’est donc notre rôle d’accompagner nos clients en leur fournissant une solution clef en main. Suite à un appel d’offres, nous avons choisi la société Pyxo, spécialisée dans le réemploi des emballages. En phase avec nos valeurs, elle a aussi inventé un modèle de consigne 2.0 innovant en remplaçant les contenants jetables par des contenants réutilisables connectés équipés de technologies de traçabilité pour faciliter leur gestion.
Vous avez lancé un premier test à Rennes ?
R. M. : Oui, depuis octobre 2022, nous testons le système auprès de 5 restaurateurs rennais. Comment fonctionne-t-il ? C’est simple, un boulanger par exemple va servir une salade dans un contenant Pyxo et inviter son client à télécharger l’application dédiée. Cela génère un QR Code que le commerçant devra scanner « attribuant » ainsi le contenant au client. Une fois sa salade consommée, le client rapporte le contenant et le commerçant scanne de nouveau le QR code. Le système sécurise l’utilisation des contenants sans obliger le client à avancer l’argent de la consigne. Ce dernier a deux semaines pour rapporter le contenant et c’est uniquement s’il ne le fait pas qu’il devra s’acquitter d’une pénalité. Quant au restaurateur, non seulement il met en place un système vertueux avec cette consigne 2.0 mais il fait aussi des économies par rapport à un contenant jetable : il paie 25 centimes avec le contenant Pyxo, contre environ 35 centimes avec un contenant jetable.
Vous avez décidé d’aller plus loin avec un test
à grande échelle, déployé à Paris ?
R. M. : Oui, nous testerons le système en vente à emporter, à partir du 30 juillet sur 30 restaurateurs des 11e, 12e et 13e arrondissements de Paris. À la solution initiale de Pyxo, nous ajoutons en outre deux services. Pour les restaurateurs qui n’ont pas de solution de plonge, Metro a mis en place une solution externalisée avec l’un de ses prestataires, la société Globe Express. Charge à eux de passer chez le restaurateur, de collecter les contenants sales en véhicules 100 % électriques, de les faire laver et enfin de les rapporter au restaurateur. Cette solution mutualisée est pour l’instant prise totalement en charge par Metro et permet aux restaurateurs de réduire encore davantage leur empreinte environnementale.
Quels sont les premiers enseignements
à tirer ?
R. M. : Les restaurateurs qui testent le système apprécient le concept Pyxo et ont choisi de poursuivre le test. Côté clients, 97 % d’entre eux rapportent leur contenant. Le plus compliqué pour les restaurateurs est sans doute de sensibiliser leurs clients à l’écologie et au fait de rapporter le contenant, qui peut rester une contrainte. Pour démarrer, nous incitons aussi les volontaires qui testeront le système à Paris, à conserver une partie de leurs recettes servies dans des contenants jetables car de toute façon, le système est difficilement applicable à la vente aux touristes. Quand il sera démocratisé, cela sera plus simple : il est d'ailleurs prévu que le client puisse rapporter son contenant dans tout un réseau de restaurants partenaires de Pyxo. En adoptant ces contenants réutilisables, les restaurateurs respectent les exigences de la loi Agec et réduisent leurs coûts d'emballages. Ils peuvent même fidéliser leurs clients avec un programme financé par Pyxo mais aussi parce que leurs clients ont une bonne perception d’un restaurateur qui met en place un tel système.
Quelles sont les prochaines échéances ?
R. M. : Chez Metro, nous sommes fiers de contribuer à cette révolution écologique en testant cette nouvelle solution 100% vertueuse. Ces 6 mois d’expérimentation vont nous permettre de savoir s’il est possible de déployer un tel concept sur tout le territoire. À l’approche des Jeux olympiques de Paris, nous visons plus que jamais à faire de Paris un modèle de ville durable.